TUNISIE : LE SUICIDE POLITIQUE D' AHMED NEJIB CHEBBI (PDP)

Le 17 janvier 2011, juste trois jours après la débandade de Ben Ali et la victoire de la révolution populaire, Ahmed  Néjib Chabbi, leader du Parti démocrate progressiste ( PDP ) et directeur de son hebdomadaire El Maouquif, a accepté spontanément, sans consultation des autres formations de l' opposition radicale et des organisations de la société civile, de faire partie du gouvernement provisoire en tant que ministre du Développement régional et local.

Ainsi donc, tel un chacal affamé qui se jette sur un os délaissé par un fauve dévorant sa proie, Ahmed Nejib Chabbi a répondu favorablement aux sirènes des plus grands notables de l' ancien pouvoir et des plus fidéles serviteurs  de Ben Ali et des Trabelsi, à savoir Mohamed Ghannouci, Premier ministre, Fouad Mbazzaa, Président du Parlement et quelques anciens ministres destouriens de l' ex-maître de Carthage. 

Pourtant, Ahmed Nejib Chabbi n' a cessé de critiquer avec virulence l' ensemble de l' ancien régime ainsi que le pouvoir de Ben Ali durant ces vint trois dernières années. A ce moment là, il ne faisait pas de distinction entre les composantes de ce pouvoir ( Premier ministre, gouvernement, responsables du RCD, membres du Parlement et de la Chambbre des conseillers ), et il avait raison, et sa vision politique était juste et son analyse tout à fait correcte.

Or, le voilà quelques jours seulement après l' effondrement du pouvoir destourien et la fuite de Ben Ali, jeter des fleurs à Mohamed Ghannouchi et à Kamel Morjane, ancien ministre des Affaires étrangères et membre du Bureau politique du RCD : " La frange réformiste du pouvoir, Mohamde Ghannouchi et Kamel Morjane, a saisi la balle en engageant des tractations, qui se sont poursuivies et accélérées après la chute de Ben Ali " ( Jeune Afrique du 18 février 2011 ).
Réformistes! En engageant des tractations! Décidément, l' hypocrisie et l' opportunisme d' Ahmed Nejib Chabbi n' a pas de limite lorsque son intérêt personnel et son ego se trouvent en jeu. Depuis quand Mohamed Ghannouchi et Kammel Morjane se sont-ils avérés réformistes, eux qui qui ont servi sans sourciller Ben Ali et ses deux clans mafiosi durant des années, qui ont soutenu un système répressif et autoritaire qui a touché à plusieurs reprises le PDP, ses dirigeants et ses militants?

Ces membres du gouvernement de l' ancien pouvoir, qui ont accepté la pratique de la torture, la répression quotidienne et le régne de la corruption, n' ont saisi aucune balle car c' étaient eux les initiateurs du gouvernemnt provisoire et c' est Najib Chabbi qui a répondu aveuglément à leur sollicitation qui n' est rien d' autre qu' un piège dans lequel il s' est engouffré, au milieu de plusieurs ministres du sérail RCD, tellement il rêvait d' occuper ne serait-ce qu' un strapontin au sein du système dominant.

Faut-il rappeler à Chabbi que le 24 juillet 2008, Fouad Mbazzaa, président du Parlement à l' époque, a fait adopter un amendement constitutionnel qui restreint la candidature à l' élection présidentielle au seul premier responsable de chaque parti, et que cet amendement le visait en premier lieu, lui qui n' était plus secrétaire général du PDP depuis 2006?
Et Chabbi a-t-il oublié la tentative d' explulsion du siége du PDP à Tunis ainsi que de ceux de ses fédérations à Tataouine, Tozeur, Kairouan, Jandouba, Medenine, suite à la pression que le pouvoir où exercaient Mohamed Ghannouchi, Fouad Mbazzaa et Kamel Morjane, sur les propriétaires des immeubles oû se trouve ce locataire ( PDP ) pour paralyser ses activités politiques et asphyxier son existence?

Et puis comment concilier cette position équilibriste du PDP qui consiste à voir son leader historique en tant que ministre au gouvernement transitoire tandisque la secrétaire générale du même parti, Maya Jribi, faire semblant de critiquer ce même gouvernement et s' élever contre la répression sauvage dont été victimes de nombreux citoyens qui manifestaient paisiblement dans l' Avenue Bourguiba?
En effet, dans une déclaration parue sur Tunisnews du 27 février 2011, Maya Jribi ne s' est pas embarrassée de déclarer . " Je m' étonne de constater que ces éléments pertubateurs trouvent la possibilité d' agir et j' incombe au gouvernement provisoir la responsabilité de ces troubles suite à son incompétence, à ses hésitations et à son manque de stratégie pour mener la révolution à bon port ".

Si on suit la logique de Maya Jribi, Ahmed Najib Chabbi, son maître à penser et à agir, se trouve donc responsable des morts et blessés durant cette manifestation. Comme il est impliqué dans la mauvaise gestion des affaires de la part du gouvernement provisoire puisque la responsabilité gouvernementale est collégiale. Puisque le gouvernement provisoire, dans son ensemble est incompétent, donc Chabbi l' est aussi.
Après une telle prise de position qui engage le PDT, Mohamed Nejib Chabbi aurait dû démissionner, comme il aurait dû le faire bien avant, c' est à dire après la terrible répression du premier seeting de la Kasba. Au contraire, c' est le Premier ministre et deux ministres appartenant à l' ancien pouvoir qui ont quitté le navir et Chabbi s' y est accroché encore quelques jours.

Par sa précipitation, Mohamed Nejib Chabbi a trahi la révolution et joué le jeu des ancienscaciques du pouvoir destourien. Il aurait pu se concerter avec les autres formations politiques de gauche, l' UGTT et les organisations de la société civile pour former un front national imposant une suite logique à l' esprit de la révolution tel que le peuple la voulu.
C' est pourtant ce qu' il a esquissé le 3 octobre 2010, dans un meeting tenu à Sfax, un peu plus de trois mois avant le déclanchement de la révolution, et rapporté par Radi Kalima le 4 octobre de la même année : " Il a insisté sur le rôle des partis d' oppostion appelés à former un bloc historique de transition démocratique pour faire face au défit de 2014 ".

Le périple politique de Nejib Chabbi a été marqué par un calcul machiavélique qui ne vise que son ascension au sommet du pouvoir et la satisfaction de son ego et de son opportunisme. C' est ainsi qu' il s' est laissé embarquer par une organisation néo-conservatrice, l' American Entreprise Institue qui l' a invité durant trois semaines aux USA. Il a aussi fleurté avec les islamistes d' Ennahdha par calcul parce qu' il sait fort bien que sans l' appui d' un parti aussi puissant que celui des islamistes tunisiens il n' a aucune chance de réaliser ses fantasmes politiques.
C' est dans ce sens que Jeune Afrique du 15 octobre 2007 a ainsi résumé le portrait de notre intru au sein d' un gouvernement provisoire dont il n' a dénocé ni la répression ni la nomination de gouverneurs RDC, et que  la majorité des Tunisiens rejette totalement : " Longtemps dépeint par ses détracteurs comme un idéologue sectaire, il est désormais critiqué par les mêmes pour la flexibilité de ses convictions et son opportunisme ".

Sa démission le mardi 1er mars 2011 est la preuve évidente de son échec politique et de sa stratégie irréfléchie et opportuniste. Les Tunisiens s' en souviendront lors des prochaines échéances électorales. Et le PDP sera certainement sanctionné à travers les urnes.

                                                                                                                                      par Houcine Ghali

Partager cet Article:

Facebook Twitter Technorati digg Stumble Delicious MySpace Yahoo Google Reddit Mixx LinkedIN FriendFeed Newsvine Flux RSS

Blogger

6 commentaires:

  1. analyse lucide et pertinente; chebbi est un oppotuniste et ça ne date pas d'aujourd'hui

    RépondreSupprimer
  2. Je trouve que vous avez un peu trop chargé la mule...

    RépondreSupprimer
  3. Je confirme ,il ne faut pas oublier non plus son intervention le 13Janvier à la télé , après celui de ben ali ,où il a caressé au même sens du poil...depuis il est déjà grillé à mon avis!!

    RépondreSupprimer
  4. N'exagérons pas. La politique necessite de mettre la main à la pate. Cet article est injuste et surtout irresponsable.

    RépondreSupprimer
  5. Les opportunistes sont ceux qui ont refuse dans un contexte de crise de participer au gouvernement de transition, et d'assumer leur responsabilité de politiciens. Par contre mr chebbi a une com catastrophique.

    RépondreSupprimer
  6. chebbi n'a pas compris jusqu'à maintenant ni la revolution ni le peuple tunisien MESKINE IL ATTEND LE RETOUR DE BEN ALI

    RépondreSupprimer