Tunisie: Béji Caid Essebsi nous a compris, oui il nous a tous compris


« Je vous ai compris. Je vous ai tous compris: le chômeur, le nécessiteux, le politicien et tous ceux qui revendiquent plus de libertés. Je vous ai compris, je vous ai bien compris tous ».  Cet extrait du dernier discours de Ben Ali datant du 13 janvier 2011, sied davantage à Béji Caid Essebsi qu'à Ben Ali.

Après la révolution du peuple tunisien qui a mené à la chute du régime, le 14 janvier 2011, celle de Farhat Rajhi à travers son opération de nettoyage du ministère de l'intérieur, le 1er Février 2011, la Tunisie vient de connaître une troisième révolution en l'espace de 6 semaines en l'occurrence celle du 27 février 2011, date de la nomination de M. Caid Essebsi.

Un premier discours en présence de ses ministres, une intervention en direct sur la chaîne Al Jazeera et une conférence de presse pour annoncer le nouveau gouvernement, ont largement suffit à M. Béji Caid Essebsi à faire l'unanimité autour de lui.

Non ce n'est pas un saint, et aux dernières nouvelles il ne prétend pas (encore) à la messianité. Il s'agit juste d'un fin politicien, comme on en n'a pas eu l'occasion de voir depuis plus de 23 ans.

Lors de sa première apparition en public, M. Caid Essebsi n'a pas manqué de sortir le grand jeu. Dans un discours clair et rassurant drapé de versets du coran, d'humour raffiné et à bonne dose, de références au «hadith» du Prophète Mohamed, en passant par Ibn Abi Dhiaf et une anecdote racontant l'histoire d’un petit couturier inconnu ayant réussi à comprendre le dirigeant russe Nikita Khrouchtchev, M. Caid Essebsi a envoûté tout un peuple.

Sur Al Jazeera ainsi que lors de sa deuxième conférence de presse, M. Caid Essebsi aura, définitivement, réussi à rassurer et persuader les plus sceptiques.

Il a rassuré certes, grâce à des discours cohérents et des idées claires à même d'instruire et de plaire, le tout, dans une grande finesse d'esprit.

Cependant tout cela ne pouvait suffire à un peuple qui trouve du mal à faire confiance à ses gouvernants et M. Caid Essebsi en est conscient.

« Je ne suis pas venu (NDLR : au Gouvernement) pour parler mais pour agir » rétorque M. Caid Essebsi, en fin de conférence de presse, aux journalistes qui voulaient lui poser des questions.

Soucieux d'asseoir son autorité et de renforcer sa légitimité, Caid Essebsi a depuis sa nomination était dans l'action. En l'espace d'une semaine, plusieurs décisions ont été prises pour faire redémarrer le pays.

M. Foued Mebazaa qui aurait décidé de ne pas prolonger son mandat au delà du 15 mars 2011, selon M. Néjib Chebbi, aura changé d'avis (M. Caid Essebsi y est surement pour quelque chose). En plus, les revendications d'une bonne partie du peuple ont été satisfaites. En effet, l'élection d'une assemblée constituante a été décidée outre la suppression de la police politique.

Par ailleurs, le chef du Gouvernement a nommé un gouvernement de consensus formé de technocrates n’ayant aucune ambition politique. Des personnalités reconnues pour leur compétence et qui sont immédiatement opérationnelles afin d'imprimer à l'action gouvernementale la célérité souhaitée.

Côté sécurité, plus de revendications, plus de manifestations spontanées et plus de sit-in et ce dans l’ensemble du territoire. Enfin le retour de l'autorité de l'Etat.

Bref, Il aura fallu quelques jours à Caid Essebsi pour comprendre ce que n'est pas arrivé à comprendre Ben Ali en 23 ans. Ne serait ce que pour cela, nous devrions faire confiance au gouvernement actuel et oublier, le temps de cette transition, les suspicions et les revendications irréalisables.

                                                                                      Par Mohamed Hamza Lakhoua
                                                                   Article paru dans:  www.Espacemanager.com  

Partager cet Article:

Facebook Twitter Technorati digg Stumble Delicious MySpace Yahoo Google Reddit Mixx LinkedIN FriendFeed Newsvine Flux RSS

Blogger

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire