Une révolution un leader ou pas !

  Egyptian and tunisian flag
 Depuis les derniers évènements en Tunisie et en Egypte, on se rend compte que ce n’est pas aussi trivial d’avoir un ou des leader(s) identifiés durant les révolutions.
Ils ont leur wael @ghonim . Nous avons notre @Slim404. Ils sont glorifiés par les médias nationaux et internationaux  qui veulent en faire des héros parce qu’il est plus facile d’identifier une tête d’affiche avec qui discuter ou quelqu’un à discréditer.

Les révolutions de la dignité n’auront pas de leader web

Pourquoi eux ? Je pense que les médias sont tellement séduits par cette histoire de révolution Internet, twitter/ facebook qu’ils veulent placer  quelqu’un de connu sur la toile comme étendard de la révolution !
Erreur fatale, ce que nous sommes en train de vivre ces jours-ci n’est pas du tout une révolution twitter ou facebook. Les réseaux sociaux véhiculent l’information  mais ne font pas les révolutions. Ce sont ceux qui campent à la place Tahrir, ceux qui ont campé devant la Kasbah qui la font.
Le point commun entre ces personnes qui se sont levées, qui ont  occupé  et arpenté les pavés réels et virtuels est la dignité bafouée par les régimes totalitaires et autoritaire. C’est le ras le bol des abus passés sous silence qui a atteint son apogée.

Un sentiment de dignité bafouée ne suffit pas pour créer une unité de revendications

C’est la raison pour laquelle nous assistons après le 14 janvier  à un mouvement contestataire qui persiste. Ceux qui sont « satisfaits » par la chute du régime ont repris le chemin du travail. D’autres veulent une équité régionale et sociale et  continuent donc la contestation.
Une vague parallèle mais non sans virulence émerge : Ceux qui profitent de la situation fragile et contestataire par des revendications opportunistes et insensées.
Si les mouvements de contestations qui se succèdent dans le monde arabe, et ailleurs  n’ont pas de leader, c’est parce qu’il s’agit de mouvements de contestations populaires rythmés par le ras le bol général face à la dictature : c’est la révolution de la dignité, parce que les droits les plus fondamentaux de chacun on été bafoués: le droit au travail, à la liberté d’expression, à la dénonciation des abus.
Le moteur commun est la dignité.

Comment pourrons-nous donc identifier un leader si les revendications  et les raisons des contestations ne sont pas les mêmes ?

Les politiciens continuent de faire de la politique traditionnelle en voulant soit rallier le peuple à leur cause, soit s’imposer comme leader en vantant leur ancienneté dans la contestation des régimes. Mais, aujourd’hui, dans l’ère d’internet, rien ne s’oublie : les incartades passées, les prises de position douteuses sont rapidement décelables sur la toile… Dans ce contexte où la confiance fait encore défaut, l’Histoire ne pardonne pas.
Par ailleurs la rapidité avec laquelle se succèdent les événements, ne facilite pas la désignation de porte-paroles. Tout le monde veut s’exprimer individuellement et un consensus n’a pas encore été trouvé.
Je pense qu’on arrivera à distinguer des leaders capables de canaliser la foule et porter ses revendications auprès des instances officielles. Ma raison dirait qu’il faudrait du temps pour que cela se réalise. Or, le temps nous en manquons ! Une révolution peut-elle aboutir sans leaders ?
Certes, la révolution n’a pas eu besoin de leader pour aboutir à la chute du régime. Mais, hélas la chute du régime n’est pas l’aboutissement de la révolution mais uniquement le début.

Etait-ce la même chose lors des anciennes révolutions ?

Les géopoliticiens et les historiens nous diront, dans quelques années, s’il faut qualifier ce qui se passe depuis décembre 2010 comme révolution, soulèvement populaire doublé d’un coup d’état ou de l’expression d’intérêts étrangers dictés. Pour la référence géopolitique récente on ne sait toujours pas ce qui s’est réellement passé lors de larévolution roumaine de 1989, première révolution télédiffusée en direct.
Contrairement à d’autres révolutions, ce qui se passe en Tunisie et en Egypte a conduit à l ‘écartement des présidents « fautifs » du pouvoir et non leur mort comme Ceaucescu ou louis XVI. Je pense que ce que nous vivons aujourd’hui est un précèdent  historique, que nous n’avons pas à comparer avec d’anciennes révolutions. Celles-ci doivent par contre nous apprendre à ne pas commettre les mêmes erreurs.
Faisons quand-même un petit tour d’horizon de quelques révolutions qui peuvent avoir des similitudes avec les évènements tunisiens
  • La révolution des Œillets au Portugal : Le coup d’état militaire du 25 Avril 1974 est un peu particulier puisque il abouti à un régime démocratique.
  • Révolution roumaine de 1989 : Certains la qualifient de « mouvement populaire ». Personnellement je crois qu’il s’agit plus d’un coup d’état du parti communiste. D’ailleurs, Ion Iliescu président Roumain au lendemain de ce coup d’état est un ancien du Parti communiste. Il est parvenu à se mettre en avant au moment opportun.
  • La révolution Française, je laisse le soin de comparer révolution tunisienne et française aux historiens chevronnés. Pour moi la principale différence entre la Tunisie de 2011 et la France de 1789, est l’élément « temps »  Aujourd’hui l’information circule beaucoup plus  vite qu’au 18eme siècle  et les évènements s’enchaînent plus rapidement aussi. Je dirais que nous avons vécu en Tunisie un condensé de ce qu’a vécu la France  entre 1789 et 1792 en deux mois  (mi décembre à mi février 2011).
J’arrête ici l’exercice de comparaison révolutionnaire, le but n’étant pas de reproduire le passé mais d’aller vers l’avenir et peut-être d’inventer une nouvelle forme de contestation et de révolution.

Ce que j’en pense

Je crois qu’un mouvement de contestation peut naître sans leaders, mais il aura besoin d’un soutien. Il ne nous échappe pas que l’armée a joué un rôle dans la fuite du Ben Ali  par exemple et les fervents des théories du complot y verraient aussi une main américaine.
Un mouvement de contestation et une révolution pourront-ils continuer longtemps sans identifier leurs leaders ? Il est trop tôt pour juger.
Je pense néanmoins que la présence de leaders d’opinions accélère les discussions et la prise de décision.

                                                                         par Moon'sGirl ;http://www.moonsgirl.com/

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