Ces Tunisiens qui sabotent la révolution


La révolution tunisienne n’est pas terminée. Certes, Ben Ali a été éjecté, mais il n’en demeure pas moins que le succès de la révolution ne saurait se prévaloir sans une stabilité politique et sociale.
Or on en est loin avec ces grèves à répétition, ces troubles sociaux, cette insécurité, ces actes de vandalisme, cet excès d’incivisme, etc.
La sonnette d’alarme tirée par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie devrait alerter l’ensemble des citoyens, mais il se trouve qu’elle est prise à la légère par certains gauchistes qui refusent de voir les dangers d’une dérive économique et d’une fragilisation de l’entreprise et de l’Etat.
C’est le patron d’un grand groupe tunisien qui nous interpelle. Un des premiers groupes tunisiens, un des premiers employeurs du pays. Un des premiers exportateurs aussi. Ses usines sont implantées un peu partout dans le pays et dans les régions les plus reculées, là où l’on cherche à créer le plus d’emplois.
Le patron de ce groupe n’a pas de problème avec ses syndicalistes. Il a eu l’intelligence, depuis des années, de les responsabiliser en publiant tous ses chiffres. Ces syndicalistes savent, avant même le patron de leur groupe, quand est-ce que l’entreprise est en bonne santé et quand est-ce qu’elle ne l’est pas. Quand est-ce qu’il faut revendiquer et quand est-ce qu’il faut surseoir à ses revendications. Combien exiger et quoi demander.
Non, le problème de ce groupe n’est pas avec les syndicalistes, contrairement à Tunisie Telecom, Tunisair, El Mouradi ou Henkel, mais avec les demandeurs d’emploi des régions reculées dans lesquelles sont implantées ses usines.
Ces demandeurs d’emploi pointent quotidiennement pour réclamer un job que le chef d’entreprise n’a pas les moyens d’accorder, puisque ces usines tournent au ralenti depuis plus d’un mois. Pas de production, pas d’exportation, pas de vente, pas de recettes, pas d’emploi. L’équation, si simple à comprendre, ne rentre pas dans les têtes de ces demandeurs d’emploi.
Pour eux, comme pour les grévistes du bassin minier de Gafsa, comme pour des centaines de milliers de Tunisiens, un chef d’entreprise est assis sur une montagne de fric qu’il refuse de distribuer. Pour eux, l’Etat est assis sur une montagne de fric qu’il refuse de distribuer.
Il y a même une femme de ménage qui a entendu dire que l’Etat s’apprête à leur accorder une prime mensuelle de 150 dinars et un sac hebdomadaire de provisions à toutes celles qui ne veulent plus travailler et acceptent de rester à la maison.

Pour se faire entendre, ces demandeurs d’emploi ont trouvé la méthode. Ils pointent à l’usine et bloquent les accès. Ou ramènent leurs bébés et les mettent sur les bureaux des directeurs. « Puisque vous ne voulez pas nous donner du travail, eh bien vous n’allez pas pouvoir travailler ! ».
Face à une situation inextricable, le patron du groupe a été amené à jouer aux pompiers et à fermer provisoirement les usines les unes après les autres.
Naturellement, la production a baissé drastiquement, mais il ne pouvait pas faire autrement.
Et, naturellement, dans ces régions reculées, il est impossible d’appeler les forces de l’ordre à la rescousse et d’user de force.
C’est déjà bien qu’un semblant de retour à la normale est constaté dans plusieurs régions, si l’on fait semblant de ne pas voir les constructions anarchiques, les actes de vandalisme, l’insécurité sur plusieurs routes et les agissements de certaines parties occultes pour préserver un climat de terreur.

Quand Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a déclaré que la dérive économique risque d’être plus dure que la dérive sécuritaire et a appelé à la responsabilité citoyenne, certains n’ont pas trouvé mieux que de lui rire au nez. Un de nos commentateurs osera même : « les rcdistes essaient de faire peur aux Tunisiens en leur disant "c'est la faillite" alors que les caisses de la BCT sont pleines (les réserves en devises sont énormes etc...) », selon lui qui ajoute que ces propos sont une propagande populiste à 1 dinar dont l’objectif est de faire oublier l'organisation d'élections démocratiques et des revendications sociales légitimes.

Justement, le premier objectif de ce gouvernement aurait dû être l’organisation d’élections démocratiques et la création d’emplois. Or il se voit occupé à résoudre des problèmes qui n’existaient pas hier, sous couvert de revendications sociales légitimes.
C’est le cas de Tunisie Telecom où le problème de disparités salariales existe depuis des années, mais qui vient d’être soulevé actuellement.
Le gouvernement a dû surseoir à ses urgences pour s’occuper de ce problème et a même envisagé une solution fort équitable qui aboutira à l’augmentation de la rémunération de plusieurs salariés. Mais le syndicat ne l’entendait pas de cette oreille, a refusé ces augmentations en insistant sur le licenciement de ceux qui touchent de gros salaires.
Paradoxalement, le même syndicat qui refuse la main tendue par Tunisie Telecom passe à Tunisiana pour exiger des augmentations qui n’ont pas lieu d’être. Ou, du moins, qu’il n’est pas urgent d’accorder puisque les salariés de Tunisiana ne sont pas réputés pour être ceux qui souffrent le plus dans le pays.
Idem du côté de Tunisair où le gouvernement a reculé, en un temps record, devant des revendications qui feront reculer la compagnie aérienne nationale de plusieurs années. Qui la mèneront droit au mur avec une faillite quasi certaine si le futur gouvernement élu ne remette pas les pendules à l’heure de nouveau.

En parallèle, dans la société civile, on s’active à faire taire les voix en lançant de véritables chasses aux sorcières. Gouverneurs, ministres, journalistes, PDG, tout le monde fait le procès de tout le monde. Tout un chacun se prend pour un justicier capable de juger quiconque, sur fond de règlement de comptes.
Dans la foulée, on oublie l’apport de ces personnes et les priorités qu’a le pays : préserver la compétitivité, créer de la croissance pour pouvoir créer de l’emploi et passer aux élections.
Or, à cinq mois théoriques de ces élections (constitutionnellement ces élections devraient se dérouler dans moins d’un mois), aucune figure politique n’est sortie pour se présenter aux citoyens et lui proposer un programme. A ce rythme, il est quasiment impossible que ces élections se tiennent selon le calendrier prévu.
En bref, on a oublié tout ce qui a poussé les Tunisiens à faire cette révolution (élections démocratiques et création d’emploi) et on s’occupe à s’entretuer et à améliorer les conditions de vie des
                                                                                                     par businessnews

Partager cet Article:

Facebook Twitter Technorati digg Stumble Delicious MySpace Yahoo Google Reddit Mixx LinkedIN FriendFeed Newsvine Flux RSS

Blogger

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire